Le parc de la Gaspésie : Orignal 1 – Delphine 0
C’est avec un petit pincement au coeur que nous laissions la route 138, Godbout, son motel Chantal multicolore et sa barquette de galvaude dégoulinante derrière nous. La suite de notre voyage au Québec devait nous emmener en Gaspésie, l’une des plus belles, si ce n’est la plus belle, région du Québec. Derrière nous, Godbout et devant nous, Matane, après un peu plus de deux heures de traversée du golfe du Saint-Laurent. La route 132, équivalent de la 138, devait nous emmener jusqu’à Saint-Anne-des-Monts, dernière étape avant d’entrer dans le parc national de la Gaspésie.
Mais avant, il y a Cap-Chat. Joli nom pour une municipalité qui de distingue par son rocher en forme de miaou (il faut de l’imagination) et son immense parc d’éoliennes (76 dont une à axe vertical). Sexy, non ? Bon, la route 132, elle, ne déçoit pas, épousant magnifiquement le Saint-Laurent. Nous arrivons finalement à Sainte-Anne-des-Monts juste avant la tombée de la nuit. Juste le temps pour trouver un hôtel kitsch, avec lumière rouge dans la salle de bain et radio intégrée à la tête de lit, et de faire nos courses au supermarché du coin. Sainte-Anne est la base de départ parfaite pour le parc, situé à moins d’une demi-heure de route. Donc, dans le caddie, glace, bois et tout ce qu’il faut pour un gueuleton.
Lendemain matin, c’est le départ pour le parc. Avec une seule nuit et une seule journée sur place (il mérite au moins 2 à 3 jours), nous voulions optimiser notre présence avec deux randonnées. Il en existe des dizaines, pouvant durer jusqu’à une semaine. Les rangers recommandent particulièrement celle qui mène au sommet du mont Jacques-Cartier, où l’on peut voir des caribous. Mais celle-ci était trop longue pour nous.
Donc la première nous a conduits au lac aux Américains. Un magnifique cirque glaciaire qui doit son nom à des botanistes yankees qui y avaient installé leur campement au début du siècle dernier. La randonnée pour y parvenir est facile et rapide mais ennuyeuse au possible, sauf si vous aimez marcher dans une allée bordée de sapins qui vous bousillent la vue. Au moins, le lac rattrape le coup.
La seconde randonnée est d’un autre calibre. Le Mont Ernest-Laforce fut le théâtre d’une rencontre improbable. Après une très jolie balade jusqu’au sommet de cette montagne des Chic-Chocs (cela ne s’invente pas), portant encore les séquelles d’un incendie et battu par le vent, nous redescendons avec une idée fixe : « voir de la bestiole » selon les termes de ma moitié.
Nous redescendons donc calmement. Comme un soldat à l’affût du vietcong, Delphine s’arrête, sûre d’avoir vu quelques chose. Bingo ! A une trentaine de mètres, une oreille poilue fait des aller-retours. Nous décidons d’aller voir de plus près et, après une avancée difficile dans les herbes hautes, tombons nez à nez (ou à museau) avec une femelle orignal en train de se prélasser dans la boue pour se prémunir des mouches qui pullulent.
Vu qu’on est jeunes, cons et inconscients, on décide d’approcher. En bon mâle, je me sers de Delphine comme d’un bouclier anti-émeute et la laisse aller en première ligne, prétextant que « Ouais, non, en fait, c’est vachement mieux pour filmer d’ici ». Elle s’approche donc de la bestiole, qui doit bien peser ses 300 kilos. Le spectacle est stupéfiant. Jusqu’au moment où ça dérape…
» Dans le coin droit, elle pèse 300 kilos, a du poil de partout, aime bien se rouler dans la boue et a un tarin long comme le bras. 122 combats, 122 victoires. L’ooooooorignaaaaaaaaaal !
Dans le coin gauche, elle pèse 47 kilos, a du poil nulle part, aime les chatons et les mojitos. 1 combat, 1 victoire (contre une guêpe). Deeeeeeelphine ! »
Bref, Delphine est trop près, l’orignal se lève et c’est la débandade ! Voilà l’action en deux images.
On se rend compte quelques secondes après que maman allait juste retrouver son petit. Une belle sueur froide et avec le recul, on se sent stupide de s’être mis en danger ainsi. Ouais, c’est stupide. Allez, lâchez-vous. Bref, maman va rejoindre son petit pour un moment de tendresse made in Québec.
[vimeo http://www.vimeo.com/51130191 w=700&h=393]
Comblés, nous redescendons. Nous avions réservé (c’est conseillé) la veille notre emplacement de camping dans le secteur du Lac Cascapédia. Après avoir monté la tente, nous n’avions pas notre dose d’orignal. Direction le lac Paul au coucher du soleil, sur les conseils d’un ranger, pour essayer d’en voir quelques-uns venir s’abreuver. Plus d’une heure sur place mais chou blanc. Une autre voiture arrive, on entame la conversation. » Nous, on vient tout le temps mais là où en voit le plus, c’est sur la route. ». » Ah, ok ». On reprend la route, c’est un bide. Retour à la tente, avec encore à l’esprit la rencontre de l’après-midi. Le sommeil est lourd. Nous quittons au matin notre campement en direction du parc du Forillon. Un renard pour nous dire au revoir, c’était le parc de la Gaspésie.
A bientôt.
Le coin des adresses
> Parc de la Gaspésie : Site
> Comment arriver jusqu’au parc ? si l’on vient du nord, prendre la route 299 à Saint-Anne-des-Monts. Si l’on vient du sud, prendre la 299 à New Richmond. Si l’on vient de l’Est, prendre la route du lac Saint-Anne à Murdochville.
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La faune de cette région est impressionnante. L’image du renard se promenant sur la rue, rêveur et calme, c’est ma préférée.
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Peinard le renard 😉
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