L’art sur rond-point, un nouveau tourisme qui fait tourner les têtes
A la fin de la route, il y a parfois un rond-point. En passant quelques jours dans le Poitou-Charentes en ce mois de juillet 2013, on a été été étourdis par un genre d’art bien particulier: l’art de rue, ou plutôt l’art de route et plus exactement de… rond-point ! On avoue volontiers en avoir fait plusieurs tours en se pinçant pour être sûr que c’était bien vrai.
Certes, un peu partout en France, comme si c’était logique, les collectivités « décorent » souvent leurs carrefours giratoires, en général aux couleurs locales et plus souvent encore avec des massifs de fleurs. C’est aussi une vieille tradition sur les aires d’autoroute; j’ai encore à l’esprit une BD parue dans « Fluide Glacial » qui me fait encore me bidonner plusieurs années plus tard. On y suivait la famille Bidochon qui, pour les vacances, avait décidé d’entreprendre une sorte de tour de France des oeuvres d’aires d’autoroutes. Ils la jouaient comme au Louvre (voire au MoMa).
On a fait un peu pareil en Charente-Maritime, allant de surprise en surprise. Car ici, la discipline est élevée au rang d’art ; c’est à se demander s’il n’y a pas compèt’ entre les communes, tant la démesure et l’extravagance sont au rendez-vous. Imaginez un peu: ici, les giratoires sont colorés et ornés de sculptures de plusieurs mètres de haut (pas toujours facile du coup de rester attentif au volant). Des oeuvres qui sont visibles à 360°C. Exemple ? Un baigneur à Marennes, des bouquins à Pons, un tonneau géant à Archiac, des parasols et des pommes de pin à Saint-Georges-de-Didonne, une grappe géante à Saint-Pierre-d’Oléron, un homme préhistorique à Saint-Césaire, des petits bateaux à la Tremblade, une huître en cours d’ouverture à L’Eguille…
L’impression qu’on a eue sur place a été plus que confirmée: depuis les années 2000, ces ronds-points spectaculaires sont bien la spécialité de la Charente-Maritime. Ou plutôt d’une société de La Rochelle, « Arts giratoires », qui s’est adjoint les services d’un sympathique moustachu, Jean-Luc Plé, un artiste qui se présente comme « sculpteur créateur de rond-points ». On aime ou on déteste (la grande blague du coin, c’est « ça te Plé? » lol). Ses oeuvres « ornent » (ou polluent selon bon nombre de ses détracteurs) les principaux axes du département… et ont fait des petits. On en recense une vingtaine. Les arguments des « pro » : au-delà d’être insolites, « gratuits », d’être visibles par tous et de s’adapter partout, ces ronds-points sont garantis sans entretien et permettent d’économiser les litres d’eau qui serviraient à abreuver fleurs et végétation. Ils seraient vendus de 20 à 70 000 euros. Jean-Luc Plé a pourtant convaincu jusqu’en Guyane, où un premier rond-point a été inauguré au printemps.
Et les autres
Dans le Cher, la commune de Saint-Amand-Montrond (qui a vu passer le Tour de France cette année) fait aussi de ses ronds-points un argument touristique. Elle compte huit oeuvres (beaucoup plus classiques) dans le cadre de l’exposition permanente « L’Art dans la rue » (« sphère », « sphère éclatée »…)
Des sites ont fait leur petit hit-parade (où figurent ceux de Charente-Maritime) : Topito, Planet.fr ou l’Internaute.
Site : http://www.artgiratoires.com/index_2.php, cliquez sur leurs réalisations
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