Il y a des dizaines de bonnes raisons d’aller à Lisbonne, la capitale du Portugal. Mais peut-être faut-il commencer par celle-ci : parce qu’à Lisbonne, il y a le « 100 Maneiras » (traduire par « 100 façons »). Oui : on peut, on doit venir à Lisbonne, pour aller manger au 100 Maneiras. Le jeune chef Ljubomir Stanisic, aux manettes des fourneaux, est au Portugal ce que Thierry Marx est à la France : un cuisinier audacieux, inventif et … l’un des jurés emblématiques de la version portugaise de Masterchef.
L’endroit se situe au cœur du Bairo Alto et de ses gargotes éphémères. Il n’ouvre qu’à 20 heures. Si vous êtes dans le quartier plus tôt, n’hésitez pas pousser la porte de l’une d’entre elles pour vous offrir une « cervejà » à 70 centimes ; ou bien comme nous, arrêtez-vous dans un bar un vin, faites vous servir un bon verre de rouge tanique à souhait (non, il n’y a pas que le Porto au Portugal !), et dégustez-le en compagnie d’une assiette de Pata Negra fraîchement découpée de son os. Sans pain. Parce que ce qui vous attend ensuite vous fera regretter de vous être colmaté l’estomac avec de l’amidon.
Retour donc au 100 Maneiras. La salle est minuscule, la déco plus qu’intimiste. Tout indiqué pour un repas romantique, malgré la promiscuité des tables. Ici, on ne vous propose pas la carte. Normal, il n’y en a pas : ici, c’est menu unique pour tout le monde, un menu de 10 plats ! On n’est pas surpris, c’est un peu ce qui nous a amené ici … Le sommelier propose deux formules en accord mets et vins, composées de deux verres de blanc, deux verres de rouge et deux vins de dessert. 35€ la première, 65€ la seconde. On opte pour la formule éco.
Le premier plat arrive après un bon quart d’heure d’attente. Il plante le décor : Estandal do Bairro – Morue déshydratée, aïoli à la coriandre, poivron rouge doux. La présentation est plus qu’originale, avec des lambeaux de poissons accrochés sur des fils à linge. On aime ! C’est un poil gras, mais c’est bon ! Et la sauce … on la finira au pain. Tant pis pour nos estomacs !
La suite arrive dans la foulée : O Brejo Largo – Huître, crevette royale, oursin en espuma d’huître, chlorophylle de coriandre et roquette. Ouch ! Ça sent la mer ! Nous qui n’avions jamais mangé d’oursin, nous ne sommes pas déçus : c’est sûr, on ne nous y reprendra plus …
Troisième assiette : Nem tanto ao mar, tanto à terra – Pomme de terre farcie au fromage et maquereau fumé, acra de morue et huître farcie au collier de porc ibérique et pomme de terre ratte. Après le bain de mer précédent, c’est d’une douceur extrême. L’acra est parfait, le maquereau fumé et séché s’accorde à merveille avec le fromage de chèvre.
On enchaîne avec un plat mystérieux intitulé Madame Butterfly – rosbif farci au foie gras et fenouil, sauce dashi. L’assiette la plus classique de la soirée. C’est bon, mais pas déroutant. Et on devient exigeant.
Allez, retour aux surprises : Santa Sardinha – sardine au fromage fumé, sablé de pain de maïs, échalotes au balsamique et coriandre frite. Incroyablement divin. Peut-être le meilleur plat de la soirée. Les sardines sont cuites à la perfection, les échalotes magiques, et la coriandre frite est comme une révélation !
On reste au cœur du Portugal avec le sixième plat : Bacalhau do Eusébio – Purée de lupin, œuf poché, toast d’effilé de morue et tomate. En fait d’effilé, on a un vrai morceau de morue, parfaitement cuit. La sauce est en revanche un peu décevante.
Allez, un trou normand pour faire passer tout ça ! Joachim Sparrow – caviar de poire pochée, sorbet fenouil. Toujours aussi surprenant, toujours aussi bon !
Et comme la faim vient en mangeant, on renoue avec la viande : Ultimo Acto – Filet d’agneau à la pistache, purée d’ail et légumes du chef. Je crois que les photos parlent d’elles-mêmes. C’est fondant, c’est croquant, c’est craquant !
Il est maintenant temps de passer aux desserts. Final Tropical – cheesecake à la Pina colada. La présentation n’est pas des plus raffinée, mais le contenu est plus que correct et mériterait un bon 8/10.
Le final est comme une apothéose : Final Féliz – Crumble de brownie glacé au yaourt. La glace est divine, et le crumble chocolat-beure-orange phénoménal. Ouf.
Le dernier verre de Porto vintage fait passer tout ça à merveille. On peut rentrer heureux, certains d’avoir passé un grand moment.
Ah oui, l’addition… Le menu est à 55 € (attention, ça évolue vite, nos deux guides touristiques, de 2014, nous annonçaient ce même menu à 40€), l’accord mets et vins à 35€, et il faut ajouter l’eau, le café et l’apéro pour ceux qui ne l’ont pas bu avant. Au final, la note est inférieure à 200€. C’est deux fois plus que nos billets d’avion low cost, mais c’est sans doute deux fois moins qu’une soirée parisienne du même type ! Je crois qu’on vous a tout dit. Dernière précision : il faut réserver, bien sûr, car c’est full à chaque service. C’est certain, on reviendra …
Le verdict
Pour toutes ces raisons Xavier et Sophie, des Morfales dignes de confiance (ils likent en temps réel tout ce qu’on avale de bon en voyage), attribuent à l’expérience 100 Maneiras la note ultime de 5 morfalous :
Merci à Sophie et Xavier pour nous avoir fait partager cette expérience.
Le coin pratique
> L’adresse : Restaurante 100 Maneiras, rua Teixeira, 35 – 1200-459 Lisboa, Portugal
Tél : 21 099 04 75.
> Le site : www.restaurante100maneiras.com
> Pas convaincu ? Deux avis valent mieux qu’un ; les impressions d’un gastronome parisien ici.
Plus loin
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Photos : toutes Sophie et Xavier Ducordeaux, exceptée la photo de Une, issu du site du 100 Maneiras
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