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A la fin de la route | 23 février 2019

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Mont Rushmore, le « monstre » à quatre têtes

Mont Rushmore, le « monstre » à quatre têtes
falbalala

Pour les supporters d’Obama, fraîchement réélu, c’est un doux rêve : voir le premier président afro-américain des Etats-Unis rejoindre George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln au panthéon à ciel ouvert qu’est le Mont Rushmore. De multiples photos détournées comme celles-ci fleurissent sur internet, mais il y a peu de chance que cela arrive un jour.

Ce mémorial monumental de 18 mètres de haut (la taille des têtes), sculpté à même la montagne et classé monument national, est l’un des emblèmes des Etats-Unis d’Amérique. Mais il se « mérite » : érigé au milieu de nulle part (en fait presque au centre parfait des Etats-Unis), en plein Dakota du Sud, il n’est traversé par aucun itinéraire classique. Pour tout vous avouer, c’est un peu grâce à lui qu’on a établi l’itinéraire de notre dernier voyage aux Etats-Unis, Seattle-Miami. Je rêvais de le voir depuis que je suis toute petite, mais il était toujours trop loin de tout. Cet été, c’était décidé, on y allait (ndalfdlr : chaque voyage est un consensus minutieusement étudié pour que tout le monde ait ce qu’il veut, ce qui vire vite au casse-tête : des parcs nationaux et beaucoup de nature pour monsieur mais pas trop pour madame, du soleil et de la baignade pour les ladies mais pas trop touristique pour les gentlemen, des animaux et des métropoles pour tous les deux).

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Bref. Après une nuit à Lead (l’une de ces villes qui ne sert quasiment qu’à éponger le tourisme du « MR » et de Deadwood, la ville far-west à proximité), on a débarqué le 10 juillet. Après de longs kilomètres au milieu de nulle part (la superbe région des Black Hills), on arrive sur une mini-ville, Keystone, qui n’existe aussi que pour les touristes : magasins d’objets dérivés discount (j’y reviendrai), restos et même téléphérique pour accéder directement au mont ! Encore une route sinueuse et nous voilà à l’un des nombreux péages de l’entrée. Comme trois millions de visiteurs par an, on s’acquitte de notre droit de passage : l’accès au mémorial est gratuit mais le parking (quasi obligatoire) payant (comptez 11 dollars soit un peu moins de 10 euros pour une voiture, valable un an).

Nous y voilà : bien sûr, à l’entrée, on tombe d’abord dans les magasins (et mon Dieu ils ont pensé à décliner le mont sur presque tout : chaussettes, caramels, boules à neige, porte-clés, cristal…)

Une grande allée à ciel ouvert avec les drapeaux des 50 états flottant au vent conduit à la « grand view terrace » qui, au-dessus d’un auditorium, offre une vue panoramique sur les têtes sculptées des quatre présidents. Il y a du monde, mais surtout de l’ambiance. La fanfare et l’orchestre de l’US Army accueillent les passants et répètent leur concert de la soirée. On ne vous raconte pas le choc culturel en entendant leur répertoire : Black Eyed Peas, Lady Gaga, Beyonce…

On entame le sentier (Presidential Trail) qui conduit, en pleine végétation, au pied même de la montagne; de petits musées, comme l’atelier du sculpteur et l’exposition des outils utilisés nous apprennent des choses assez incroyables (par exemple que la tête de Lincoln est creuse : le sculpteur avait prévu d’y installer un « hall of records » pour stocker les archives nationales voire des codes importants, mais il n’a jamais été utilisé). Les touristes aussi : entre la vieille qui nous a agressé parce qu’on allumé une clope (à côté d’un cendrier quand même…) et le quadra bouboule qui voulait prendre sa fille en photo en contre-plongée pour mettre sa tête au milieu des quatre autres, couché au milieu de la passerelle en bois (heureusement, un compatriote l’a calmé: « There’s Photoshop for that« ), on en oublie vite la beauté du site.

D’ailleurs est-il vraiment beau ? Une copinette (à qui je dédie cette chronique au passage tant elle l’a réclamée) m’a posé la question et je ne savais pas trop quoi répondre. Forcément, on s’en fait une telle « montagne » qu’on est un peu déçu une fois sur place (ils ne sont pas si « grands », si impressionnants ni si détaillés que ça) et en plus on y est allé au mauvais moment de la journée : le jour tombait mais la luminosité était trop forte, du coup les photos étaient surexposées. Trop de touristes aussi. Mais avec le recul, oui, c’est quand même énorme et on est heureux de l’avoir vu en vrai.

  • Un peu d’histoire

Allez je vous raconte un peu. A l’origine, la montagne appartenait aux indiens Lakotas, qui l’avaient baptisée colline des 6 Grands-pères. Après plusieurs batailles, les Américains ont vaincu les Amérindiens et conquis le territoire. Lors d’une expédition d’exploration, un avocat, Charles E. Rushmore, lui donna son nom, en 1885 (le mari de Carrie Ingalls, la soeur de Laura de la Petite maison dans la prairie, était paraît-il du voyage). Dans les années 1920, le Dakota du sud réfléchissait à comment mettre en valeur son territoire pour attirer les touristes. C’est une historienne qui a trouvé l’idée (farfelue ?) du siècle : et si on rendait hommage à l’Histoire des USA en « installant » des présidents dans les Black Hills ?

Un appel a été lancé au sculpteur Gutzon Borglum (John Gutzon de la Mothe Borglum, svp), un Américain formé en France, un original adepte des sculptures colossales et d’un nationalisme héroïque (il s’était déjà frotté à la Stone mountain en Géorgie). Le projet avait d’abord été imaginé pour une montagne de la région des Needles, mais la roche était trop friable. C’est Borglum qui a repéré le Mont Rushmore et l’a choisi. Au terme de longues négociations, le Congrès l’a validé en 1925.

Il a ensuite fallu se creuser la tête pour choisir les présidents les plus « marquants » afin de célébrer les 150 ans de la « jeune » nation. C’est Borglum encore qui a eu le dernier mot. George Washington, héros de l’indépendance et premier du nom, s’est imposé d’office. Le président de l’époque, J. Calvin Coolidge (républicain), insista pour que deux républicains et un démocrate le rejoignent. Ce seront Abraham Lincoln (premier président républicain qui a aboli l’esclavage), Thomas Jefferson (républicain-démocrate, l’un des pères de l’Indépendance et principal rédacteur de la Déclaration d’indépendance, pour son expansion vers l’Ouest) et au dernier moment Theodore Roosevelt (républicain, plus jeune président des Etats-Unis et Prix Nobel de la Paix, pour sa défense de l’économie et la protection de l’environnement).

Les travaux ont démarré en 1927 et ont duré quatorze ans, jusqu’en 1941. La tête de Jefferson a dû être déplacée, la roche se brisant régulièrement à l’endroit prévu. Borglum est décédé avant la fin, et c’est son fils qui a pris le relais. Initialement, les présidents devaient être sculptés jusqu’au buste; finalement, ils resteront « coupés » à la tête. 400 ouvriers ont travaillé sur le site. La majorité de la montagne a été sculptée à la… dynamite ! L’oeuvre a coûté presque un million de dollars (énorme pour l’époque).

Par la suite, il a été régulièrement question d’ajouter un cinquième président, comme Ronald Reagan ou John Kennedy (et maintenant Obama). Il y a même des comités de soutien ! Mais ces projets n’ont jamais vu le jour. Personne n’a eu le courage d’affronter les travaux, et encore moins la polémique. Car la controverse a accompagné toute l’histoire du Mont Rushmore. Les Indiens n’ont en effet jamais cessé de revendiquer la propriété du site et ont même érigé leur monument « concurrent », le « Crazy Horse memorial » (on vous l’explique en-dessous). Il a aussi été jugé raciste. Sans compter les liens qu’aurait noués Borglum avec le Ku Klux Klan, alors qu’il parcourait le monde pour récolter des fonds afin de poursuivre ses travaux…

Le mont Rushmore reste néanmoins une véritable star aux Etats-Unis. On le voit régulièrement au cinéma, où les quatre visages sont régulièrement attaqués… ou réinventés. Le plus célèbre reste la scène finale de « La mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock, mais on l’a aussi vu assailli par les martiens dans « Mars attacks » de Tim Burton. Deep Purple l’a revisité pour la pochette de son album « In Rock ».

  • Le « Crazy Horse memorial », l’autre « mont Rushmore »

Non loin de là (une vingtaine de kilomètres), c’est un autre mémorial qui revendique le titre de la plus haute montagne sculptée du monde : le « Crazy Horse memorial« , toujours en construction depuis 1948 (il y en aurait encore pour cinquante ans !). Véritable réponse/réplique au Mont Rushmore et revendication des Indiens de leurs terres sacrées, il représente un seul visage, celui du chef Indien Crazy Horse, chef de la nation indienne à qui appartenaient historiquement ces terres. Préparez les biftons : le chantier étant privé (« Crazy Horse » a toujours refusé toute subvention fédérale), c’est assez cher. Comptez 10 dollars par tête ou 27 la voiture (à moins que vous soyez Amérindien, groupe de filles scouts en uniforme, militaire en activité ou résident du South Dakota). Les travaux ont démarré en 1948, sous les ordres du chef « Ours debout » et d’un sculpteur d’origine polonaise, Korczak Ziolowski. Seule la tête est pour l’heure sortie de terre (reste encore le cheval !). Vous pouvez apporter votre petite pierre à l’édifice en faisant un don à la fondation.

Insolite : on n’a pas vu les chèvres du « Pentagone »

Même si le site est extrêmement touristique, une faune et une flore importantes continuent de se développer sur les flancs du Mont Rushmore. Dont une espèce totalement incongrue pour la région : les chèvres des Rocheuses (aussi appelées chèvres des montagnes). Ça a été mon grand regret de ne pas les voir (ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché !). Ces curieuses grandes chèvres blanches, à barbe, longue robe de fourrure et petites cornes noires, mesurent plus d’un mètre (de haut et de large). Elles ressemblent un peu à un (énorme) chamois et vivent sur le continent américain, dans les Rocheuses, l’ouest et le Canada… et dans les Black Hills. La population du Mont Rushmore n’y est pas installée par hasard : c’est le Canada qui en a offert six au parc national de Custer voisin, en 1924. Il y en a environ 200 aujourd’hui dans le massif. On en a quand même vu une quelques jours plus tôt au zoo de Seattle, que voici :

  • Le coin des adresses

> Ouvert 7/7 toute l’année, sauf le jour de Noël 25 décembre de 8 h à 17 h d’octobre à mai, jusqu’à 22 heures l’été. Cérémonie d’éclairage pendant 1 h, environ 30 minutes après le coucher du soleil. Attention, les musées ne sont pas ouverts toute l’année. Concerts. Attention aussi pour la lumière des photos : il est conseillé de l’immortaliser plutôt le matin. Il existe aussi de très beaux points de vue depuis l’Iron Road (que nous détaillerons dans une prochaine chronique).

> Liens : le site du Mont Rushmore, et celui du Crazy Horse memorial

Photos : toutes signées « A la fin de la route » exceptées Crazy Horse Memorial et Colline des 6 Grands-Pères (source Wikipédia)

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